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Ah voilà...
7 août 2010

De l'inutilité d'argumenter

Si l'on convainquait les gens à coup d'arguments, cela se saurait. J'aimerais, simplement, énoncer une série de mots, avant de parler plus:

la guerre
la politique
les sciences
les histoires
la religion
l'amour
la haine
la mort

La pratique de chacune de ces "activités" n'est pas une histoire d'arguments. Pourtant, vous serez d'accord pour dire que l'ensemble de ces mots désigne la vie tout entière.
Pourquoi tout cela n'est-il pas une question d'arguments?
Prenons les deux exemples les plus classiques : la religion et l'amour (d'ailleurs, ce n'est pas pour rien si les deux présentent tant de similitudes, au point qu'ils se fassent appel mutuellement. La religion sans la foi, ce n'est rien d'autre que de la philosophie ; de l'amour argumenté, ce n'est rien d'autre que de la politesse - voire de l'hypocrisie. Où est le rôle des arguments? Nul part ailleurs que dans ce qui n'est pas primordial.
La guerre? Il n'y en aurait pas si l'on se convainquait à coup d'arguments. En fait, la guerre est même l'illustration du passage des arguments logiques à la force.
La politique? Il est évident depuis longtemps que ce ne sont pas les programmes d'un candidat qui font sont succès, mais sa rhétorique, son image et son sens de la répartie.
Les sciences? Contrairement à ce qu'on peut imaginer, l'intuition fait la part belle aux arguments, dès lors que la théorie n'as pas été validée par la pratique. Ainsi, par exemple Eistein ne voulait croire au hasard fondamental impliqué par la théorie quantique. Il mourut alors que ses arguments paraissaient aussi solides - voire plus - que ceux donnés par ses opposants. Ce n'est que plusieurs décennies plus tard que les idées de Bell permirent de donner... tort à Einstein. Où sont les arguments ici? Nul part. Il n'y a eu que de l'intuition, puis, d'un coup, les faits physiques - et entre deux, les arguments ne sont apparus nul part.
Bref, vous comprenez où je veux en venir. On ne trouvera les arguments nul part au coeur des décisions, pas même chez votre voisin de comptoir au pub irlandais. Vous pourrez vous égosiller tant que vous le souhaitez, ce ne seront pas vos raisonnements logiques qui feront changer les autres d'avis, mais plutôt votre présence scénique, parce que nous sommes tributaires de notre condition de mammifères bien avant de l'être de la Vérité, que nous n'avons jamais ne serais-ce qu'effleuré du doigt.

Pourquoi? Parce que nous sommes incapables de fixer un critère pour donner une pondération à des arguments. On peut essayer, bien entendu, mais il parait évident que la discussion même des critères causerait des disenssions qui seraient résolues par... autre chose que des arguments logiques. L'argument logique est quelque chose d'intangible ; l'argument de la nature (le charme, ou encore le tour de biceps) est par nature anthropologique.
Voilà qui est frustrant.
Donc, la prochaine fois, nous parlerons de quelque chose qui fait du bien.

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