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Ah voilà...

11 août 2010

La bombe nucléaire

C'est un sujet délicat. Laissez moi finir avant d'émettre un jugement définitif.

Avant tout, voici les faits :

Arsenal nucléaire mondial: pose

Voyez donc par là: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=3504  Ceci est le premier article que l'on trouve en tapant "nombre de têtes nucléaires" dans google. Les informations de toutes provenances se recoupent à peu près. Comme vous pouvez le constater dans l'article, "nous savons que le total mondial des armes nucléaires entreposées est considérablement inférieur à ce qu'il était pendant le pic de la Guerre Froide en 1986 avec 70 000 têtes nucléaires", et "Nous estimons que 9 états possèdent environ 27 000 têtes nucléaires intactes, dont 97% font partie des stocks des Etats-Unis et de la Russie. Environ 12 500 de ces têtes nucléaires sont considérées comme étant opérationnelles, le reste étant en réserve ou en attente d'être démantelée parce que plus opérationnelles. Nous sommes à même de faire nos évaluations en surveillant tous les développements sur les armes nucléaires, en étudiant les tendances à long terme et en traquant la mise en application des traités de contrôle des armes."

Nous avons donc, mettons 15'000 (je suis gentil/pessimiste) têtes nucléaires opérationnelles – les autres ne le sont plus ! Nous reviendrons plus loin sur le terme de "tête nucléaire", un peu vague tout de même.

Les bombes nucléaires les plus puissantes jamais développée dévastent un cercle de rayon de 10-20km autour d'elles. Ces bombes-là sont bien plus grosses que celles que l’on trouve dans l’immense majorité des têtes nucléaires. Evidemment, la chaleur et l’onde de choc restent non-négligeables dans un rayon de 100km (je suis gentil, à nouveau). Sur internet, on trouve parfois des informations un peu farfelues, par exemple qu’une bombe nucléaire tue tout dans un rayon de 100km. Ceci est faux. Même la tsar Bomba, la plus grosse bombe jamais testée, ne tuait pas tout dans un rayon de 100 km – même pas sur un rayon de 20km d’ailleurs.

Ensuite, la radiation : le site d’une explosion due à une bombe nucléaire est particulièrement dangereux dans les 3 semaines qui suivent l’explosion. Contrairement aux idées reçues, les descendants des victimes de Nagasaki et Hiroshima n’ont pas souffert et ne souffrent pas de malformations ou que sais-je (pas plus que le reste des terriens, du moins). Alors oui, c’est un fait que le nombre de mort causé par la radiation vaut 2, 3 ou peut être même 4 fois le nombre de mort infligé par l’explosion en elle-même, mais au-delà de trois semaines, il n’est pas mortel de se balader dans la zone de l’explosion.

Nous utiliserons plus tard ces quelques informations.

D'abord, je vais repousser les arguments – de comptoir ! – contre l'arme nucléaire qui reviennent sans-cesse quand on parle de ça. Je ne vais pas avoir beaucoup de difficulté car, sans vouloir paraître condescendant, trop de gens parlent dans l'ignorance dès lors que le sujet touche de près ou de loin à la guerre, à l'écologie, au racisme et à des tas d'autres choses (heureusement, aujourd'hui seul le premier (et un peu le deuxième) sujet sera évoqué).

  1. "Le nucléaire c'est la plus grosse connerie de l'humanité. L'homme devient fou. Tu savais qu'on peut faire sauter xx [à remplacer par n'importe quel nombre - le plus souvent dans les centaines - ] fois la planète avec l'arsenal mondial nucléaire???"

  2. "Putain mais mec, comment tu peux dire que l'arme nucléaire c'est bien? Va dire ça aux gens à Hiroshima !"

Voilà les trois points qui reviennent le plus souvent. Si les gens réfléchissaient un peu plus, ils en trouveraient d'autres, mais je ne leur ferai pas le plaisir de les trouver à leur place. Maintenant, détruisons :)

  1. Non, on ne peut pas faire sauter la planète. Arrêtons de nous croire plus puissants que nous ne le sommes. Un peu d'humilité, diantre :)   Faisons ce petit calcul:

La surface de notre planète vaut 4*Pi*R^2  avec R le rayon de la terre = 6371km, cela nous dit que la surface de la terre est de 5.1*10^8 [km^2]. Soit.

Ensuite, la surface pouvant être dévastée par l’arsenal nucléaire mondial vaut N*S, avec N le nombre de têtes nucléaires et S la surface que chaque tête dévaste en moyenne. Nous avons dit plus haut que nous prendrons N = 15'000. Nous verrons également ce qu’il en est avec 70'000, juste par curiosité. Concernant la surface dévastée, il y a plusieurs choses à relever :

- En considérant que cette surface est celle d’un cercle de rayon de 30km, nous sommes très pessimistes

- Nous sommes d’autant plus pessimistes si l’on considère que, pour que la formule ne donne pas un chiffre trop grand, nous avons supposé que toutes les bombes exploseraient en même temps et qu’elles seraient réparties optimalement sur toute la surface du globe, afin que leurs « cercles de dévastation » ne se chevauchent pas, ce qui est infaisable en pratique.

- Nous sommes encore plus pessimistes lorsqu’on remarque que les états ont tout intérêt à gonfler leurs chiffres, concernant leur arsenal. Il faut jouer les gros bras ; l’arme nucléaire est, par essence, dissuasive. Par conséquent, il est inutile, dangereux et absurde pour un pays de prétendre avoir moins d’arme que ce qu’il a vraiment. À mon avis, si vous voulez vraiment être réalistes, il faut prendre N = 5000. Bref, passons.

- Une bombe ne dévastera jamais « tout ». On a trouvé à Nagasaki et Hiroshima des survivants qui étaient extrêmement près (moins d’un kilomètre) de l’épicentre au moment du drame. Certes, on peut se demander quels traumatismes psychologiques et physiques cela leur à coûté ; mais alors, le débat ne concerne plus seulement les armes nucléaires mais toutes les armes. Soit, comme nous sommes pessimistes, nous considérerons que tout sera dévasté dans notre rayon de 30km.

- Enfin, en ayant considéré que tout serait dévasté dans un rayon de 30km, nous avons supposé que les têtes de l’arsenal nucléaire mondiale sont, en moyenne, d’une puissance extrême (de l’ordre de la dizaine de mégatonnes de TNT), ce qui n’est pas le cas ! Une estimation plus réaliste mérite d’être faite – en fait, nous allons voir plusieurs scénario.

En fait, j’ai décidé de faire les graphiques suivants, qui, finalement, sont plus parlants puisqu’on voit l’évolution de la chose pour un nombre continu de valeurs :

Tableau 1 : Pourcentage de destruction de la planète, pour différentes valeurs du rayon de destruction présumé, ainsi que du nombre de têtes nucléaires.  (les droites pour les petites valeurs de R sont à peine visibles)

tableau_complet

Tableau 2 : zoom sur les trois modèles les plus réalistes. La barre verticale se trouve à N = 15'000 têtes nucléaires.

tableau2

Tableau pour quelques valeurs:

tableauvaleurs

On observe donc, entre les graphiques et le tableau, que les chiffres avançés par ceux qui prétendent qu’on peut détruire 1000 fois la planète avec l’arsenal mondial sont complètement farfelus. Le scénario le plus « réaliste » est celui pour R = 5, avec un nombre de tête de 15'000 (et encore…). Cela correspond à 0.23% de la surface planétaire détruite. D’aucuns diront que ce qui compte, c’est la surface terrestre, et nom maritime. Soit, admettons que les océans occupent 2/3 de la surface planétaire ; du coup, si les bombes sont réparties uniquement sur les terres, nous avons 0.69% de la surface qui est détruite par les bombes, toujours pour ce même scénario réaliste.

On ne va pas commenter toutes les données. Vous l’aurez compris, il n’y a qu’avec des chiffres complètement dantesques et irréalistes que l’on peut « détruire » plusieurs fois la planète. Pour ceux qui pensent encore, pour m’embêter, au fameux hiver nucléaire, sachez qu’on en reparlera à la fin.

  1. "Putain mais mec, comment tu peux dire que l'arme nucléaire c'est bien? Va dire ça aux gens à Hiroshima !"

Nous touchons là à un point plus délicat que le précédent, car je pourrai moins m’aider des chiffres.

Tout d’abord, clarifions les choses : toute mort est, en soi, une chose triste – et jamais je ne voudrais paraître irrespectueux envers les victimes innocentes.

Maintenant, autre chose : comment les gens peuvent penser que le train c’est bien ? Cela cause des milliers de morts chaque année ; et sur l’ensemble des siècles pendant lesquels le train à existé, il a causé plus de morts qu’Hiroshima et Nagasaki multipliés par 1000, voir 10'000, voire bien plus encore. Pourtant, personne ne s’énerve contre le train. Heureusement, d’ailleurs. Pourquoi ? Parce que le train apparaît aux gens comme une chose nécessaire et pacifique, qui n’est pas conçue dans le but de tuer. Je répondrai que la guerre est une chose tout aussi nécessaire que le train. C’est un besoin biologique de vouloir dominer les autres – c’est triste, mais c’est la réalité. Quiconque prétendra que l’histoire aurait pu se faire sans guerre est dans le tort – l’histoire n’aurait pas pu se faire sans guerre. En fait, l’histoire est la guerre ; elle n’est faite que de ça pratiquement. Deuxièmement, trop oublient – et c’est là que les gens sont choqués en général – que l’arme nucléaire était faite, à la base, pour tuer des gens, certes, mais tuer des gens afin d’en tuer moins au bout du compte. Plus clairement, et de manière imagée, c’est comme une engelure que l’on a au doigt : on ampute le doigt, afin de ne pas avoir à amputer le bras tout entier. Voire mourir. Oui, l’arme nucléaire est une arme de dissuasion. À ceux qui prétendent le contraire, peut-être faut il rappeler qu’elle n’a été utilisée en opération réelle qu’à deux reprises, au cours d’un seul et même conflit, et ce par un seul état.

Remarquons autre chose, à présent :

Quel est le nombre de morts dans les guerres (non civiles) entre 1914 et 1945 ? Au bas mot, 100 millions de morts. Cela représente une période de de 31 ans. Très bien.

Maintenant, entre 1945 et 2010, ce qui fait une période de 65 ans, combien de personnes sont mortes à cause de la guerre (non civile, toujours) ? le chiffre est d’environ 15 millions de personnes (voir http://fr.danielpipes.org/5004/en-nombre-de-morts-le-conflit-israelo-arabe-noccupe-que-le . Vous pouvez faire l’addition des morts des guerres non-civiles. ). Et pourtant, la population mondiale, dans cette dernière période, a triplé par rapport à la première (donc la probabilité que le nombre de morts augment également est extrêmement grande, vous en conviendrez).

Alors voilà : avant l’arme nucléaire, 100 millions de morts en 31 ans. Après l’arme nucléaire, 15 millions de morts en 65 ans.

Pourquoi ? la réponse est simple. Il n’y a plus de conflits entre grands états depuis que l’arme nucléaire – qui fait bien son travail de dissuasion – existe ! Si toutefois il y en a, ces conflits entre grands états se font toujours indirectement (guerre de corée, par exemple).

J’espère avoir bien répondu à l’objection numéro 2.

J’aimerais cloturer cet article par quelques nuances :

Premièrement, il va de soi que dans l’hypothèse (improbable) d’un conflit nucléaire généralisé, oui, le nombre de morts d’un seul coup serait gigantesque. Mais, d’une part, même dans cette optique, l’existence de l’arme nucléaire, sur une fourchette de 100 ans par exemple, permettrait de diminuer le nombre de morts de par sa dissuasion. D’autre part, je pense que le jeu en vaut la chandelle. Enfin, les théories physiques nécessaires à l’élaboration de l’arme nucléaire sont ont été faites, une bonne fois pour toutes. Quoi qu’on en dise, il faudra composer avec l’existence de ces bombes, puisqu’il y aura désormais toujours des hommes capables d’en réaliser. Alors autant les comprendre, elles et leurs risques.

Deuxièmement, on nous agite dans les médias, à longueur d’année, des apocalypses sous le bout du nez : catastrophes écologiques (mon dieu on va tous mourir, quel réchauffement planétaire), catastrophes nucléaires, catastrophes naturelles – et pendant ce temps, la majorité des gens sont incapables de régler leurs minuscules problèmes personnels. Et pendant ce temps, surtout, d’autres crèvent dans l’anonymat le plus absolu, pour des raisons qui, elles, sont vraiment évitables. L’humain à fortement tendance à péter plus haut que son cul – si vous me passezl’expression, qui est de rigueur ici. Non, nous ne détruirons très certainement pas la planète.

Terminons sur une note plus fantaisiste. J’avais dit que je parlerais d’hiver nucléaire. En fait, je suis fatigué, et j’ai peur de devenir saoulant à force de m’énerver tout seul. Bref, en deux mots, l’hiver nucléaire, c’est surtout pour les scénaristes de science-fiction (à court d’inspiration, au passage). Et pour ceux qui n’en ont pas entendu parler, l’hiver nucléaire serait la période, suivant un cataclysme nucléaire, pendant laquelle le ciel serait tant encombré de poussière qu’on ne verrait plus le soleil. La poussière due à une bombe nucléaire n’est rien par rapport à celle d’un volcan, d’un désert, ou de milles autres phénomènes naturels qui se produisent chaque année. De plus, elle retomberait bien vite. En aucun cas un hiver n’exterminerait la population mondiale. Dans le pire des cas, une famine, oui, cela est peut-être envisageable.

Une dernière pour la route :

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En fait, si le mec a vraiment regardé ça, il doit plus lui rester grand chose de ses rétines.

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10 août 2010

Je ne suis pas comme je suis : la non-acceptation de soi.

  • "Je suis comme je suis"
  • "acceptez moi tel que je suis"
  • "c'est ma manière d'être, voilà"

Venez, braves gens, piocher les phrases faciles.
Je ne sais pas comment c'était avant. Je n'étais pas né. Aujourd'hui, en tout cas, on entend ce genre de phrases tous les jours - c'est insupportable, mes amis.

Ceux qui veulent y mettre fin sont tombés sur un os. En effet - vous l'aurez sans doute senti vous aussi -, se faire l'auteur de ce genre de tirades n'est pas à la mode pour rien ; c'est frais, c'est libre, cela sent la tolérance, l'ouverture d'esprit. C'est un peu la Cadillac des paradoxes en somme, mais j'y reviendrai plus bas.
Au départ, je crois que la méthode vient des femmes qui, n'en pouvant plus du regard des autres (qu'elles s'inventaient souvent, au passage) concernant leur poids, développèrent cette volonté de passer outre leur propre image. Les autres n'ont pas à se mêler de ce à quoi je ressemble - si je suis grosse, je suis grosse. Système de défense pas bien méchant, évidemment, mais qui allait rayonner bien trop loin.
Les chaines de télé, à grands renforts de programmes-reportages mettant en scène des citoyens lambdas, ne cessent de vous le répéter : acceptez-vous comme vous êtes! (oui, mais bon, achetez quand même la crème adoucissante, et puis la crème anti-rides, et puis le yahourt supraconducteur thermosensible qui va changer votre vie, et puis tout le reste. Faut pas pousser hein).
Et voilà que les connotations citées plus haut commençent à coller à la peau de ce qui est devenu le leitmotiv d'un trop grand nombre de gens : c'est cool de vouloir être comme on est. C'est naturel. Encore un peu, et on arrivera à faire fusionner l'écologie et l'acceptation de soi, ca fera des gens vraiment trop biens. Pourquoi cela est-il si cool?
1) appeller à la tolérance de soi constitue, au prime abord, quelque chose de réjouissant pour les autres ; si vous tombez sur quelqu'un qui vous demande de l'acceptez comme il est, alors vous devriez pouvoir lui demander d'en faire de même.
2) la tolérance, c'est cool en soi. Tolérance, tolérance, tolérance. Tolérance. TOLERANCE. Des gens sont venus nous en parler une bonne dizaine de fois, dans ma classe, entre l'école primaire et l'université. La tolérance, c'est pas de racisme, pas de méchanceté. Bon, là, forcément, ça a rien à voir - oui mais voilà, les gens mélangent souvent des choses qui n'ont rien à voir.
3) c'est tellement confortable. Aaaah. Amenez-moi un petit coca cola, s'il-vous-plait. Oui. Et puis faites-moi couler un bain. Hein? non mais faites-le, je suis comme ça, j'y peux rien.
4) on veut des gens authentiques, maintenant. Ca veut dire des gens naturels (oui, naturel, encore. J'en peux plus.) Etre naturel, c'est tenter de paraître original, de croire être écolo, détester Eric Zemour, G.W Bush et Hitler, dire aux autres qu'on est foufou. Comme en général cela s'accompagne irrémédiablement de l'affublation d'une bêtise radieuse, vaut mieux qu'on soit accepté comme on est - comme les millions d'autres.

J'espère qu'à présent les paradoxes de ce mode de pensée égocentrique, individualiste, minimaliste, obscurantiste, apparaissent assez nettement.

10 août 2010

La pluie

Aujourd'hui, nous devons parler de quelque chose de bien. Nous allons donc parler de la pluie.

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Un petit tour sur www.pluie.com m'apprend que le domaine est à vendre 7.22$. Je m'y connais pas dans la procédure à suivre pour acquérir le nom de domaine, mais avouez que c'est tentant. Pluie.com! Il faut payer des millions pour avoir d'autres noms de domaines. www.pluie.fr, par contre, est déjà pris : c'est un site de parapluies personnalisés. C'est très marrant de faire des recherches sur internet sans moteur de recherche. Enfin, bref. Il faut que vous compreniez pourquoi la pluie c'est bien.

Alors premièrement, non, on ne chante pas sous la pluie. Surtout pas. On ne saute pas non plus. On ne cours pas, on ne s'agite pas. Sous la pluie, il faut rester calme - on n'a rien compris. La pluie, c'est le moment ou le calme monte sur le trône. La pluie est au jour ce que la nuit est au jour ; mais la pluie n'est pas la nuit (on peut toutefois parler de la pluie lorsqu'il fait nuit, mais ce n'est pas le sujet de cet article).

Voici comment apprécier la pluie, jeunes gens :

  • Sous la pluie, marchez le plus lentement possible. Faites même des pauses pour regarder autour de vous ; vous comprendrez alors, vous sentirez, ce que cela fait d'être un fantôme. Vous aurez l'impression d'être un être exceptionnel. Les gens courront autour de vous, ils grogneront, s'agglutineront sous les abris. Ils ne vous remarqueront même pas. Chacun ressemblera à tout le monde - sauf vous. Vous aurez l'impression, devant tous ces gens pressés, que, vous, vous êtes en dehors du temps.

    pluie

    Vous aurez l'impression que les horaires, le souci d'être sec, les feuilles dans votre sac, tout ceci, ce ne sont que des détails insignifiants. Plus l'eau imbibera vos vêtements, puis votre peau, plus vous serez loin de tout ce monde-là. Ce monde sec. Vos cheveux seront détrempés, les gouttes rouleront partout, perleront sur votre visage : vous serez plus beau que tous les autres.
  • Si vous vous trouvez au lit, restez-y. Ceci est, étrangement, la seule situation à propos de laquelle tout le monde s'accorde, concernant la pluie. Une chambre, la pluie (son bruit), un duvet : c'est la définition d'être douillet.
  • Si vous êtes dans un bus, dans un bistrot, ou dans n'importe quel endroit pourvu d'une vitre que la pluie arrose, restez-y également. Posez la tête contre la vitre, commandez un croissant ou n'importe quoi (enfin, commandez avant de coller la tête contre la vitre, en fait) avec un chocolat chaud ou un thé.

    Pluie_1_

    Prenez une pause de film - lorsque le protagoniste vient de se faire quitter par sa bien-aimée, qu'une belle musique prend de l'ampleur, et que la caméra filme le type la tête contre la vitre dégoulinante. Ca fait du bien de se prendre pour un personnage de cinéma - dailleurs, voyez comme la ville, sous la pluie, devient une belle image : il y a des reflets là où on ne s'y attend pas ; les gens sont drôles à voir. Faites des "flous" avec votre regard. Fixez un objet et laisser le reste, défocalisé, devenir flou.
  • Si vous êtes en charmante compagnie, appliquez le point numéro un si vous êtes dehors. Embrassez cette personne, aussi, et surtout.

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Au fait, j'ai trouvé les images un peu n'importe où. Je ne cite pas d'où elles viennent. Et puis tout le monde s'en tape. D'ailleurs, en bonus:

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Parce que la neige, c'est bien aussi.

7 août 2010

De l'inutilité d'argumenter

Si l'on convainquait les gens à coup d'arguments, cela se saurait. J'aimerais, simplement, énoncer une série de mots, avant de parler plus:

la guerre
la politique
les sciences
les histoires
la religion
l'amour
la haine
la mort

La pratique de chacune de ces "activités" n'est pas une histoire d'arguments. Pourtant, vous serez d'accord pour dire que l'ensemble de ces mots désigne la vie tout entière.
Pourquoi tout cela n'est-il pas une question d'arguments?
Prenons les deux exemples les plus classiques : la religion et l'amour (d'ailleurs, ce n'est pas pour rien si les deux présentent tant de similitudes, au point qu'ils se fassent appel mutuellement. La religion sans la foi, ce n'est rien d'autre que de la philosophie ; de l'amour argumenté, ce n'est rien d'autre que de la politesse - voire de l'hypocrisie. Où est le rôle des arguments? Nul part ailleurs que dans ce qui n'est pas primordial.
La guerre? Il n'y en aurait pas si l'on se convainquait à coup d'arguments. En fait, la guerre est même l'illustration du passage des arguments logiques à la force.
La politique? Il est évident depuis longtemps que ce ne sont pas les programmes d'un candidat qui font sont succès, mais sa rhétorique, son image et son sens de la répartie.
Les sciences? Contrairement à ce qu'on peut imaginer, l'intuition fait la part belle aux arguments, dès lors que la théorie n'as pas été validée par la pratique. Ainsi, par exemple Eistein ne voulait croire au hasard fondamental impliqué par la théorie quantique. Il mourut alors que ses arguments paraissaient aussi solides - voire plus - que ceux donnés par ses opposants. Ce n'est que plusieurs décennies plus tard que les idées de Bell permirent de donner... tort à Einstein. Où sont les arguments ici? Nul part. Il n'y a eu que de l'intuition, puis, d'un coup, les faits physiques - et entre deux, les arguments ne sont apparus nul part.
Bref, vous comprenez où je veux en venir. On ne trouvera les arguments nul part au coeur des décisions, pas même chez votre voisin de comptoir au pub irlandais. Vous pourrez vous égosiller tant que vous le souhaitez, ce ne seront pas vos raisonnements logiques qui feront changer les autres d'avis, mais plutôt votre présence scénique, parce que nous sommes tributaires de notre condition de mammifères bien avant de l'être de la Vérité, que nous n'avons jamais ne serais-ce qu'effleuré du doigt.

Pourquoi? Parce que nous sommes incapables de fixer un critère pour donner une pondération à des arguments. On peut essayer, bien entendu, mais il parait évident que la discussion même des critères causerait des disenssions qui seraient résolues par... autre chose que des arguments logiques. L'argument logique est quelque chose d'intangible ; l'argument de la nature (le charme, ou encore le tour de biceps) est par nature anthropologique.
Voilà qui est frustrant.
Donc, la prochaine fois, nous parlerons de quelque chose qui fait du bien.

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